Le décret sur les aménagements raisonnables date déjà de décembre 2017 et est entré en vigueur dès la rentrée 2018. Pour rappel, celui-ci oblige les écoles, et donc les enseignants, à accepter la mise en place d’aménagements raisonnables. Les pôles territoriaux se mettent lentement en place et l’année prochaine verra l’arrivée du dossier d’accompagnement de l’élève (DaccE). Les pouvoirs publics traduisent donc en décrets et réformes l’inclusion prévue par le pacte pour un enseignement d’excellence.
Si la grande majorité des enseignants tentent dans la mesure de leurs moyens et de ceux qu’on leur met à disposition de mettre en place les aménagements nécessaires à l’accueil plus inclusif des élèves présentant des troubles de l’apprentissage dans leur classe, nous recevons encore trop régulièrement des appels à l’aide de parents en grande détresse car les aménagements raisonnables dont leur enfant a droit ne sont pas encore bien compris et mis en place par certains enseignants. Ceux-ci n’ont pas été suffisamment formés, voire pas du tout formés à ces questions. En effet, l’apprentissage de la mise en œuvre de l’inclusion des élèves en situation de handicap au sein de l’enseignement ordinaire est totalement insuffisante dans la formation initiale des enseignants.
La réforme de la formation initiale des enseignants va faire passer ces études de 3 à 4 ans dès la rentrée 2023 et vise théoriquement à mieux préparer les futurs enseignants à l’évolution de leur métier par le développement de compétences professionnelles communes. Cette réforme s’inscrit elle aussi dans la mise en œuvre du Pacte pour un Enseignement d’Excellence et se fera par une coopération plus étroite entre hautes écoles et universités. Le diplôme obtenu sera désormais un Master et non un bachelier comprenant 1 stage de presque une année scolaire entière sur le terrain.
Mais qu’en est-il de l’acquisition des compétences liées à l’inclusion des élèves à besoins spécifiques dans ce nouveau cursus ? Les décrets de ces dernières années liés à l’inclusion (aménagements raisonnables, pôles territoriaux, dossier d’accompagnement de l’élève) sont interdépendants et complémentaires et tant leur articulation que leur contenu doivent être bien compris et assimilés par les futurs enseignants pour qu’ils puissent s’en saisir dans leurs pratiques pédagogiques et ainsi accompagner au mieux les élèves à besoins spécifiques vers la réussite scolaire.
Les questions liées à l’inclusion feront-elles l’objet d’un cours spécifique ou seront-elles traitées dans tous les cours de manière transversale ? Les enseignants du supérieur sont-ils eux-mêmes préparés et prêts, tant les décrets sont récents et successifs ? Mettre en place des aménagements raisonnables universels ou différenciés, adapter sa pédagogie à des enfants présentant un handicap visible ou invisible, accueillir un enfant équipé d’un outil numérique ne s’improvise pas ! Et l’inclusion ne pourra réussir si elle ne repose que sur les épaules des pôles territoriaux.
L’APEDA travaille depuis plusieurs années déjà à sensibiliser les futurs enseignants et à former les enseignants des hautes écoles. Nous suivons donc cette question de très près et interpellerons les pouvoirs publics et les autorités académiques pour insister sur l’indispensable nécessité de former adéquatement les futurs enseignants à l’inclusion.
Geoffroy d’Aspremont
Directeur opérationnel