Actualite - Éditorial de juin 2022

Éditorial de juin 2022

La pandémie du Covid 19 et le confinement qu’il a provoqué ont obligé notre enseignement à réorganiser en urgence les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. L’APEDA s’est donc questionné sur la façon dont les élèves à besoins spécifiques ont vécu ces changements et a décidé de mener l’enquête. Nous avons ainsi constaté qu’en deux ans, la crise sanitaire a assurément eu un impact sur tous les élèves de l’enseignement obligatoire. La fermeture des classes, l’enseignement en ligne et l’absentéisme dû aux quarantaines ont bousculé les apprentissages, la réorganisation des cours dans l’urgence accentuant la fracture numérique et sociale et renforçant ainsi les inégalités entre les élèves, notamment pour les questions de sociabilité, de suivi scolaire et de l’accès aux outils nécessaires à l’enseignement à distance.

Certains résultats de cette enquête nous ont interpellés mais permettent de fournir des pistes de réflexion pour répondre aux besoins des élèves présentant des troubles et leur donner la possibilité de s’épanouir tant à l’école que dans leur vie sociale et familiale. On remarque ainsi un impact très négatif : la moitié des élèves se sont vus régresser dans certaines matières ou ont vécu un décrochage scolaire. Il faut souligner en plus que pour près de la moitié des élèves en décrochage, l’accès aux ressources numériques s’est avéré plutôt difficile ou très difficile. Nous devons souligner aussi qu’il est apparu que les élèves et leurs parents n’étaient pas suffisamment informés sur les aides numériques vis-à-vis des troubles. Alors que les ressources digitales telles que les logiciels spécifiques et la bibliothèque NumaBib sont utilisées par une grande partie des participants et sont indiquées comme étant importantes par 83% d’entre eux, plus d’un tiers expriment néanmoins une difficulté d’accès à ces mêmes aides numériques.

L’enquête a également souligné qu’un équilibre entre le temps consacré à l’école et pour des occupations extérieures est indispensable au bon développement des enfants concernés. Le temps de travail à la maison pour certains élèves à besoins spécifiques dépasse pourtant les 3 heures par jour. Les échéances des interrogations et des devoirs doivent mieux prendre en compte le temps de préparation nécessaire aux élèves ayant des troubles de l’apprentissage.

Au sein des établissements scolaires, il est donc capital également d’instaurer un meilleur suivi et encadrement des élèves présentant des troubles. De plus, la bienveillance et une remédiation adéquate sont primordiales. Il reviendra aux pôles territoriaux qui se mettront en place dès septembre à mieux sensibiliser les équipes éducatives aux troubles et les accompagner dans la mise en place des aménagements indispensables à l’inclusion. Cette tâche nécessitera que les pôles puissent disposer de moyens importants et de l’expertise nécessaire. L’APEDA a pour ce faire développer un projet d’accompagnement des pôles qu’elle souhaiterait mettre en place dans plusieurs écoles pilotes dès septembre.

L’APEDA rappelle que les outils numériques aident non seulement les élèves ayant des troubles « dys » en les autonomisant et en leur permettant de libérer leur potentiel, mais aussi les enseignants à maintenir le rythme d’apprentissage pour l’ensemble du groupe. En période de confinement, leur utilisation devient totalement indispensable, et ce pour tous les élèves.

Les enseignants et futurs enseignants doivent à tout prix être mieux formés à l’utilisation des outils numériques dans leur pratique pédagogique. Il est indispensable que la réforme de la formation initiale des enseignants prévoie dans son programme un volet sur la maîtrise de ces outils. Les hautes écoles peuvent d’ailleurs s’appuyer sur l’expertise des organisations de personnes aguerries à l’utilisation des outils numériques pédagogiques et de compensation. Nous attendons donc de la part des ministres concernés d’avancer dans cette direction.

Pour finir, nous espérons de tout cœur que les élèves présentant des troubles de l’apprentissage auront été suffisamment préparés et auront pu bénéficier des aménagements raisonnables auxquels ils ont droit pour passer les épreuves certificatives externes de manière optimale. Nous leur souhaitons de les avoir réussies.

Geoffroy d’Aspremont
Directeur opérationnel de l’APEDA