Comme nous le soulignions déjà en mars 2023, les élèves à besoins spécifiques, bénéficiant d’aménagements raisonnables tout au long de l’année scolaire, doivent pouvoir y avoir accès également lors des épreuves certificatives externes – CEB (6e primaire), CE1D (2e secondaire) et CESS (6e secondaire). Chaque année, des circulaires précisent les aménagements acceptés, tout en laissant la possibilité de solliciter des mesures supplémentaires auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Malheureusement, comme chaque année, la publication de ces circulaires et leur mise en œuvre concrète laissent un goût amer. Malgré les demandes réitérées des associations de terrain et des fédérations d’associations de parents, ces textes continuent d’être élaborés à huis clos, sans concertation ni appel à l’expertise des acteurs concernés.
Les épreuves sont aujourd’hui disponibles en plusieurs formats : papier adapté, braille et version numérique. C’est un progrès indéniable. Mais pour être réellement inclusives, ces adaptations doivent être fiables. Or, nous avons été informés de graves dysfonctionnements dans la version numérique d’une épreuve du CE1D : certaines parties étaient tout simplement inaccessibles aux élèves utilisant une synthèse vocale. Une erreur technique, certes – mais une erreur lourde de conséquences.
Pour ces jeunes, cette défaillance n’était pas anodine. Elle a transformé un moment déjà stressant en véritable épreuve d’angoisse. Elle a ravivé douloureusement la conscience de leurs difficultés, affecté leur estime de soi et, dans certains cas, compromis leurs résultats.
Ce genre d’incident ne devrait plus se produire. Il ne doit plus se produire. La Fédération Wallonie-Bruxelles aurait pu faire mieux. Elle aurait dû faire mieux.
Nous rappelons aux parents que, s’ils estiment qu’un échec éventuel est lié à une mauvaise mise en place des aménagements, à leur refus ou à un problème technique imputable à l’école ou à l’administration, ils ont le droit d’introduire un recours. Nous les encourageons à le faire. Des structures telles qu’UNIA, les fédérations d’associations de parents (FAPEO et UFAPEC) ou l’APEDA peuvent les accompagner dans cette démarche.
Nous renouvelons également notre appel, formulé il y a deux ans déjà, à intégrer un groupe de travail sur l’adaptation des épreuves certificatives, aux côtés d’autres associations spécialisées. Il est urgent d’assurer une mise en œuvre réelle et cohérente du décret sur les aménagements raisonnables, des conventions internationales sur les droits des personnes handicapées, et de l’article 22ter de notre Constitution (le droit à la pleine inclusion des personnes en situation de handicap).
L’APEDA, dont l’expertise en matière d’outils numériques compensatoires est reconnue, reste disponible pour collaborer avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous souhaitons contribuer activement à garantir que les formats numériques adaptés soient véritablement adaptés – sans bug, sans oubli. Non seulement dans l’intérêt des élèves, mais aussi dans celui de l’administration, qui gagnerait ainsi en fiabilité, en crédibilité, et réduirait le risque de recours.
À titre d’exemple, signalons que notre partenaire flamand Eureka est systématiquement consulté par l’administration en Flandre pour valider les adaptations numériques. Il est temps, en Fédération Wallonie-Bruxelles aussi, de s’appuyer sur les expertises existantes.
Geoffroy d’Aspremont
Administrateur-délégué de l’APEDA